HISTOIRE DU BUREAU DE POSTE DE HOUILLES
(par Roland Duménil, président fondateur de l'APH, publié dans le bulletin de l'Amicale en 1973)
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Le service des correspondances organisé de ville en ville sous le nom de "Grande poste" avait établi des relais dans les localités intermédiaires c'est ainsi que sur la route de haute Normandie il en existait un à Franconville où un ma1tre de poste venait chaque jour d'Argenteuil avec sa voiture prendre livraison du courrier et le répartissait ensuite dans cette localité et dans celles de Bezons et de Houilles.
Le "Journal de Valentin Gagnon" maître de poste à Argenteuil nous relate dans son livre de raison, le rôle qu'il avait à assumer: .
Le 1er Décembre I757 délaissant son commerce de menuisier, il achète la charge de maître de poste aux lettres. Son rôle consistait à se rendre tous les jours à Franconville jusqu'au 9 Juin 1761, à Saint-Denis ensuite pour y porter et prendre le courrier postal.
Son travail n'était pas toujours sans risques, de mauvais garçons, tout comme de nos jours, l'attendaient au passage pour le dévaliser.
C'est ainsi que le 19 Avril 1761, un dimanche matin précise Gagnon "revenant de Franconville le compagnon de Nagel menuisier mataqua et me menasa de me frapé, je ne échapé de ses mains que parce qu'il parue du monde sur la montagne de Pontoise."
Le service du port des lettres ne comportait pas pour le maître de poste que le transport des plis à Argenteuil, il devait encore assurer leur distribution aux destinataires; il disposait pour ce faire d'un facteur nommé "piedton".
Gagnon note que le 29 Avril 1787 "pour la première fois l'on a donné de la part de Mr. l'Intendant général des Postes une médaille pour la faire porter par mon piedton en alant et revenant de Saint-Denis."
Maître de poste consciencieux on n'eut en haut lieu qu'à se louer de ses services témoin la note suivante: "16 Juillet 1765 nous avons eu la visite de Mr BOUVET fermier général des postes avec un controleur provincial qui ont visitée mes registres et ont trouvé tout en bon ordre.
Sans doute fatigué de sa charge Gagnon la cède à dame Marie-Françoise Carpentier originaire de Rosoy-en-Brie qui continua le même service jusqu'en Janvier 1793 date de mise en régie intéressée de la poste.
Dans une localité voisine à Carrières la situation était à peu près la même. Bien qu'à ce moment faisant partie du canton d'Argenteuil cette commune recevait son courrier par Saint-Germain comme on va le voir par cet extrait du registre de délibérations.
"Le 28 Décembre 1790, nous Maire et Officiers Municipaux, procureur de la commune et notables adjoints de la dite municipalité nomment le nommé Charles Fauget habitant de notre paroisse depuis un an pour notre facteur de port de lettres pour la dite paroisse de Carrières, s'engage de moment à aller chercher les lettres chez le sieur Proton marchand épicier à Saint-Germain trois fois par semaine qui sont le dimanche mardi et vendredi de chaque semaine et de rendre les lettres à leurs destinataires le jour même comme aussi le susdit s'oblige de nous rapporter un certificat dudit sieur Proton de l'acquis des lettres que le dit Proton lui aura donné tous les huit jours ès mains de Mr. le Maire comme aussi le dit Fauget aura pour son salaire deux sols par lettre et prions le sieur Proton de ne délivrer aucune lettre sans que les deux sols du facteur soient payés."
Dès 1801, les habitants de Houilles demandèrent que le courrier soit distribué tous les jours, la loi de 1832 rendit en principe cette distribution quotidienne, mais ce n'est guère avant 1863 que les communes rurales furent toutes desservies chaque jour.
A Houilles, à la veille de la guerre de 1870, c'était encore un facteur du bureau d'Argenteuil qui assurait le service. L'année suivante la Commune demanda au Directeur des Postes la création d'un poste de facteur boitier à la station de Chemin de Fer réouverte depuis 2 ans, attendu que le service par Argenteuil a l'inconvénient d'être lent. En effet les lettres n'étaient distribuées que le matin de 10 heures 1/2 à 11 heures 1/2.
La réponse dut être négative car quelques mois après le Conseil Municipal émettait le voeu qu'un bureau de poste soit installé à Houilles qui comptait à ce moment 1433 habitants: la femme de l'Instituteur pouvant au besoin servir de Directrice ou de Receveur du bureau demandé.
Le Directeur Régional proposait en réponse que la commune soit desservie par Bezons au lieu d'Argenteuil. Le Conseil refusa cette suggestion et offrit en l877 un local pour l'établissement demandé destiné au service de la poste et au logement du facteur boîtier. Nous ignorons l'emplacement choisi mais nous savons que le bail fut signé avec un nommé GILLET. La date d'ouverture de ce bureau de distribution n'est pas exactement connue mais nous pensons probablement fin 1878 début 1879 comme le prouve le plus ancien cachet utilisé à Houilles que nous connaissons et qui porte la date du 15 Août 1879. C'est un cachet type 24 utilisé uniquement par les bureaux de distribution.
(Le bureau de poste de Bezons fut ouvert en 1868 et le télégraphe lui fut
adjoint en I882).
Le public se montra très satisfait de la solution adoptée, au point qu'il demanda la transformation de ce bureau en recette définitive.
C'est alors que le Ministre des Postes décida la création d'un bureau
à Houilles, à la condition que la Commune s'engage à fournir pendant
dix huit ans les locaux nécessaires à l'installation du service et au logement du titulaire. Celle-ci accepta les conditions demandées et de plus contribua aux frais d'installation d'une ligne télégraphique. Restait la question du local à trouver, plusieurs emplacements étaient proposés, la maison de Mr Lardy rue de Rouen (avenue Carnot actuellement) ne fut pas retenue parce que trop éloignée du centre dit-on ; la maison de Mr Roussel~ située rue de Paris, au coin de l'avenue de la Mairie (de nos jours Avenue de la République), face à l'édifice Municipal, fut choisie par le Conseil et le maire en signa le bail en Mars 1881.
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En 1884, on demanda un second facteur, quatre distributions au lieu de trois et un troisième départ pour Paris fut réalisé.
Mais l'extension de la localité se poursuivait et l'on dut bientôt envisager la construction d'un bureau plus en rapport avec le nombre d'habitants.
En novembre 1896, le Conseil décide l'acquisition d'une casquette pour le porteur de dépêches !
Après les études nécessaires, en 1898, on fut d'accord pour édifier le nouveau bureau sur une place acquise par le ville en 1885 et appelée Place du marché que l'on débaptisa pour la nommer Place de la Poste quand le bâtiment fut terminé. (C'est maintenant la Place du 14 Juillet, le Service des Assurances Sociales y a pris la succession de la poste, après la guerre de 1944).
A l'occasion de l'ouverture de ce bureau, trois nouvelles boîtes furent installées, en ville, puis le Conseil mit à l'étude l'établissement d'un réseau.
En mai 1905, le Conseil demande la création d'un troisième poste de facteur suivie deux ans après de celle d'un quatrième; en 1910, celle d'un cinquième et en 1913, celle de deux nouveaux emplois.
A la suite d'un grand nombre de réclamation, du public contre les longues attentes qu'il était obligé de faire un second guichet fut ouvert en 1921, mais l'année suivante, il fallut se rendre à l'évidence, le bureau, bien qu'il fut relativement neuf, avait besoin d'être remis en état et "ne continue pas à être un objet de dérision et de scandale pour une ville de 11000 habitant" dit le registre de délibération du Conseil municipal.
C'est alors qu'on construisit une aile nouvelle pour y loger le bureau du tri et dégager la salle du public. En 1931, on envisagea la création d'un bureau auxiliaire dans le quartier des Blanches, mais celui-ci ne fut pas réalisé; cependant, il devenait urgent de construire un véritable hôtel des postes et on chercha en ville un terrain libre qui convienne pour cette édification.
Extrait du guide de poche 1910/11 de Houilles. 4 distributions de courrier par jour.
Comme en 1898, les propositions furent nombreuses:
La construction du nouvel édifice commençait, et fut terminée en 1938 et inaugurée le 12 décembre.
Quand les Allemands arrivèrent à Houilles ils prescrivirent une enquête générale sur les ressources et activités de la Commune ; par Elle, on sait que le nombre d'abonnés au téléphone était de 385 contre 367 en 1939.
Le standard téléphonique avait été saboté avant le départ des français. Ce fut un habitant da notre vi1le Monsieur LACROIX qui contribua à sa remise en état à la grande satisfaction de tous.
Il n'y a plus que 3 distributions de courrier par jour en 1921.
(I) En 1884, apparition d'un cachet identique au type 17 bis, mais plus grand et cercle pointillé dans le milieu.
(2) Vers 1901. nouveau type légèrement plus grand que le précédent. Le bloc- dateur n'est plus le même, le mois est inscrit en chiffres.
(3) Vers 1904, cachet simple cercle, avec ou sans levée; il sera utilisé dans tous les bureaux de France, conjointement avec les cachets précédents. Il est encore en service de nos jours.
Depuis cet article un nouveau bureau a été ouvert dans le quartier de la gare, puis fermé!!